Quel lecteur de Patrick Modiano, tombé sous le charme mélancolique de ses frêles romans, n'a pas eu envie de partir sur les traces de ses personnages ? De La place de l'étoile à Un pedigree, l'oeuvre de l'écrivain est peuplée de fantômes dont le pouvoir fascinant est renforcé par un sens de l'ellipse ourlé de pudeur et de mélancolie. Fantômes d'élégantes amoureuses, de fêtards collabos, d'affairistes au patronyme exotique... Il suffit au narrateur d'ouvrir un vieil annuaire, de passer devant une porte cochère, de respirer un parfum chic pour ouvrir un nostalgique boîte de Pandore. Modiano emmène parfois ses héros à Annecy, Megève ou Nice. Mais Paris est son théâtre d'ombres favori. Principalement la capitale dorée du croissant allant de Passy au sud à Monceau au nord, de la rue Lauriston à l'ouest à la place de l'Alma et les Tuileries à l'est. Mais les arrondissements plus populaires (Xème, XVIIème, XXème,...) ont droit aussi à leur visites. L'action des romans de l'écrivain se déroulant pour les plus anciens sous l'Occupation, la plupart des lieux cités sont encore visibles dans toute leur intégrité. Mais (hélas ?) souvent le temps, le mauvais goût et les promoteurs ont fait leur oeuvre. Inutile de chercher le café cité dans Un pedigree, en haut des marches qui grimpent derrière le métro Lamarck-Caulaincourt. Il a subi une mue radicale. Une adresse stratégique de Quartier perdu est l''immeuble qui fait face à la pagode de la rue de Courcelles. Il a été métamorphosé pour abriter une société voilà de nombreuses années... Mais qu'importe. L'imagination et le rêve se rient des liftings plus ou moins nécessaires. Certains diront que l'expérience n'en est que plus poignante... A bientôt donc pour la plus littéraire des chasses aux fantômes ! (PS : vous pouvez dores et déja me faire part de vos souhaits ou de vos commentaires)